23 septembre 2013

J-5 pour Millau : givre et brouillard

J-5 pour Millau, autant dire que la pression est particulièrement montée ces derniers jours. Peut-être suis-je trop à l'écoute de mon corps, toujours est-il que j'ai l'impression que rien ne va. Mes dernières sorties me donnent l'impression de traîner des jambes bien lourdes, ce que contredit systématiquement le chronomètre puisque je suis beaucoup trop rapide. Quand l'esprit se mélange à la physique du corps, visiblement ce n'est pas bon. Mais bon, cent kilomètres, cela donne une distance que j'ai vraiment du mal à appréhender à 120 heures du départ et après 763 km d'entraînements spécifiques. Nicolas, un copain triathlète, me traite de "malade" à m'élancer à Millau alors que lui s'enfile des 1500 m de natation / 80 km de vélo dans les Alpes / 21 km de course à pied à deux semaines d'intervalle. J'en déduis que chacun d'entre nous est le malade d'un autre ... 

J'ai appris jeudi soir l'absence sur blessure de mon accompagnateur vélo préféré. Evidemment, une pression supplémentaire et un petit regret, celui de ne plus pouvoir trimbaler mon appareil photo. J'ai tenté de mémoriser le parcours par cœur puisque je devrais me la jouer solo, quoique un jeune ami devrait m’accompagner sur la première partie, le marathon. Je pense qu'en sachant exactement où je mettrais les pieds, notamment quand ça va grimper ou descendre, j'aurai moins à me soucier et je pourrai garder plus d'énergie pour la performance sportive pure. Certes, c'est de la théorie ... 
Hier après-midi, j'ai appris le probable retour de mon accompagnateur vélo, non pas à vélo cette fois, mais en grand chambellan des encouragements et d'un comité de soutien féminin. Ce qui ne peut que m'enchanter, d'abord pour lui, histoire de le sortir du puits dans lequel il est tombé ou du moins de lui garder une belle lucarne ouverte sur le soleil aveyronnais, quoiqu'il serait possible que ce dernier soit caché par les nuages et quelques gouttes de pluie. 

Donc cent bornes dans cinq jours ... Après un petit footing de 40 minutes ce matin et un dernier de 30 minutes mercredi, je ne rechausserai plus mes baskets avant samedi matin à Millau. Il y a dix jours, je pensais être plutôt bien préparé, surtout après l'enchaînement à sept jours d'intervalle d'un marathon et d'une sortie de 45 km au début du mois. Ce matin, je n'en suis plus très sûr. Renoncer ? Evidemment que non ! Nicolas a peut-être raison : il faut être un peu givré pour s'aligner au départ d'un 100 kilomètres. Bon, nous serons 1610 au départ, sans oublier 343 marathoniens. Avec une telle masse en effervescence, cela doit éloigner le givre et le brouillard, non ?


21 septembre 2013

Millau, J-7. Écarter le brouillard

En général, plus on s’approche d’une montagne, moins on en voit le sommet. Au début de cette aventure, j’avais vraiment du mal à me voir cheminer sur cent kilomètres. Au terme de sorties parfois longues de 42 ou 45 bornes, la vision n’était pas meilleure. A 150 heures du départ, c’est toujours le brouillard. D’autant que j’ai perdu mon accompagnateur vélo, victime d’un sale empêchement. Cela revisite totalement la façon dont je me suis entraîné et j’ai imaginé l’épreuve. J’ai notamment testé une alimentation (qui n’est pas celle délivrée par l’organisation), alimentation portée par mon accompagnateur. Il va me falloir faire avec ce que propose l’épreuve, or il est bien connu qu’il ne faut jamais tester en compétition. Je me contenterai donc d’eau et de sucre, n’ayant pas prévu de plan de rechange pour mon accompagnateur. Effacée aussi l’idée du reportage photo puisqu’il est hors de question de courir avec un reflex à la main. J’ai testé durant 45 minutes pour me rendre vite compte de la folie de la chose. Enfin, mes compléments vitaminiques destinés à pallier une défaillance de santé liée à mon état devront aussi rester au garage. Bref, les choses se sont sûrement compliquées. Mais je n’ai pas abdiqué. C’est le principal.

Pour me rassurer un peu, j’ai repéré le circuit, enfin un repérage via Google Street et les images satellitaires. J’ai aussi tracé le plan exact de chaque kilomètre pour bien respecter mon tableau de marche. La carte en taille réelle de la première partie, le marathon, est à cette page
Ce qu'il y a de rassurant avec les cartes, c'est qu'il n'y a jamais de brouillard, même au sommet des montagnes !



Si tout va bien et sans surprise de dernière minute, je table toujours sur 14 heures de présence sur le tarmac aveyronnais. Pour ceux que cela intéresse, voici le tableau de marche des meneurs d’allure :


La carte de la seconde partie du parcours avec l'indication de chaque kilomètre, Millau/Saint-Affrique/Millau, du 42e au 100e km, est à cette page. Attention, le fichier est volumineux, 9745 par 10140 pixels soit 10,7 Mo. Un extrait ci dessus à 50% et inserts à 25 %.


11 septembre 2013

Avec un plan de Millau, c'est déjà moins stressant

    Vous, je ne sais pas. Moi, j’aime bien les choses claires, clairement expliquées et clairement schématisées. Un 100 km en course à pied, cela n’est tout de même pas la chose que l’on accomplit chaque matin, alors forcément à la première participation, il y a une tension déjà palpable à 17 jours du départ. Avant d’être long à accomplir, Millau c’est surtout loin de chez moi : 742 km au bas mot. Pour préparer les choses, ce n’est pas si simple. Surtout quand les choses essentielles ne sont pas clairement représentées sur une carte.

    Ne trouvant donc pas mon bonheur sur le net (ni sur le site de l’organisateur, ni sur les différents blogs abordant le sujet), j’ai donc réalisé cette carte qui place lieux de départ et d’arrivée, emplacement du parking camping-car aménagé près de la gare par l’organisateur (un parking municipal mais sans possibilité de vidanger) et emplacement des campings (pour plus de confort) vis-à-vis du parcours de l'épreuve. Bref, deux ou trois petites choses qui donnent une vue d’ensemble plus pratique que les longues explications.

    Les esprits pointilleux remarqueront qu’il manque l’échelle. Certes ... Vous ne voulez pas non plus que l’on coure les 100 km à votre place, par hasard ? ... Sachant que la largeur du Tarn à l’emplacement du pont que les concurrents franchissent avant de terminer la première boucle est de 72 mètres, vous avez l’échelle :-))



7 septembre 2013

42 + (16+13+16) + Marc = M [1489]

    Il y a un an exactement, le 6 septembre 2012, après une longue interruption de toute forme de sport (vélo, tennis, aviron et course à pied), je rechaussais mes baskets pour contrer un sort que je jugeais néfaste et ne pas me laisser entraîner par ce dernier dans une spirale dépressive. Je le faisais en silence, parce que je voyais venir la désapprobation de mon hématologue, de ma famille, voir de mes amis.
    L'idée est partie sur un coup de tête, un peu un coup de bluff à l'occasion d'un échange avec une jeune amie, Morgane, au cours duquel nous avions choisi de participer trois semaines plus tard à une course de 10 km. Elle n'avait jamais participé à une seule compétition pédestre de sa vie et pour moi, mon dernier 10 km remontait à 1997, à l'occasion d'un reportage en immersion. J'avais alors jugé que la meilleure façon de raconter ce 10 km était d'y participer ... alors que ma dernière course remontait à dix années.
    Ainsi, le 25 septembre 2012, après approbation médicale (mais avec seulement 5 sorties faites sans aucun plan précis), je me retrouvais à l'arrivée des Virades de l'Espoir dans le parc de Sceaux. De là est né le pari un peu osé de courir le 7 avril 2013 le marathon de Paris et dans l'action les 100 km de Millau le 28 septembre de la même année. Osé, parce que courir un marathon quand on traîne une maladie du sang, il faut oublier de réfléchir. Osé, parce que j'ai persisté malgré un entraînement passablement mis à mal par ma leucémie. Osé, parce que malgré un marathon de Paris difficile, j'ai maintenu le cap. Osé, parce que partir de rien pour tenter Millau un an plus tard, c'est tout sauf raisonnable quand on lit sur tous les forums spécialisés qu'il faut placer des étapes : un semi marathon la première année, un marathon la seconde et éventuellement Millau en troisième année. 
    Malade, certes, mais jamais mes médecins ne m'ont placé un veto. Ils m'ont parfois semblé fort dubitatifs (ou incrédules ?), à l'image de mon hématologue. Sans plus. Je me suis donc bâti un plan d'entraînement à partir de celui de Bruno Heubi, brillant vainqueur de l'édition 2005 de Millau en 7h33' et détenteur d'un chrono de 6h51'25 aux championnat du monde des 100 km en 1999. En y rajoutant cependant des sorties longues vraiment longues car m'aligner au départ d'un 100 km sans dépasser une sortie de 3h00 à l'allure Millau me paraissait une hérésie. Bruno que je remercie déjà car ses messages m'ont toujours encouragé à ne pas douter.
    Je me suis ainsi fixé des étapes, qui, si elles n'étaient pas réalisées, étaient pour moi synonymes de renonciation. Le 17 août, j'ai donc couru un 27 km avec 438 m D+ en compagnie de mon accompagnateur vélo, Marc. Un fort sympathique garçon un peu plus jeune que moi qui ne me semble cependant pas avoir pris totalement conscience de la galère dans laquelle je suis en train de l'entraîner. Puis le 31 août, j'ai programmé une sortie longue tellement longue quelle doit faire hurler tous ceux qui écrivent des plans puisque j'ai couru 42 km avec 449m D+ en un chrono amélioré de près de 30 minutes par rapport à ma contre performance du marathon de Paris. Ce jour-là, j'ai découvert que si je voyais l'arrivée de Millau, Marc y aurait sûrement une grande part de réussite. Enfin, aujourd'hui, j'ai longuement couru, en suivant un conseil médical (afin de contrer la mésaventure de Paris) car depuis mon taux d'hématies a sérieusement chuté, en trois tranches, d'abord 16,1 km à l'allure marathon, puis 13 km un peu plus lentement, puis 16 km à l'allure Millau, soit un total de 45,1 km. Et à l'arrivée, cela me paraissait clair que j'étais prêt quand ma fille m'a dit « Tu ne sembles même pas fatigué ! ». Sans compter que n'étant pas sûr du tout de disposer d'une seconde vie au travers d'une éventuelle réincarnation et n'étant pas plus certain de guérir ou de ne pas devenir vieux gâteux croulant, je me suis dit que 2013 était l'année ou jamais. A 22h31'50 ce jour, je me suis donc inscrit à Millau. Je porterai le dossard 1489. Voilà pourquoi "42 + (16+13+16) + Marc = M [1489]"
    Dans trois semaines, je vais donc explorer ma zone rouge :-)


2 septembre 2013

Quand la Nature reprend ses droits

    J-25 pour l’échéance aveyronnaise. L’automne n’est pas encore là mais l’éphéméride perd bien vite ses feuilles !
    Samedi, c’était ma dernière sortie longue vraiment longuement longue, une étape que je plaçais comme qualificative pour valider mon inscription. Une échéance un peu hors normes puisque j’ai couru la distance d’un marathon, soit 42 km avec 449 m D+. Sans forcer, sans me mettre dans l’orange ou le rouge, un peu façon "chameau autonome" puisque je n’ai bu que 85 cl d’eau sucrée et avalé 112 g de pâtes de fruits (soit 14 g tous les 5 km) alors que j’étais parti à jeun. Et le tout près de 30 minutes plus rapidement que mon marathon de Paris foiré en avril dernier. Bref, d’excellent augure à un peu plus de trois semaines du coup de feu de départ des 100 km de Millau. 
    Sauf que la Nature a toujours raison et reprend ses droits au final quoique fasse l’Homme ... Si du côté de mes lymphocytes, c’est repassé en mode stabilisation (youpi !), du côté de mes hématies, c’est passé en mode chute importante, bien en dessous des minima nécessaires (et super zut !). Ce qui nécessite maintenant un feu vert médical pour pouvoir espérer être au départ à Millau fin septembre. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que c’est franchement mal parti, même si j’essaye de me rassurer en me disant que je viens tout de même de boucler 42 km avec seulement 3 millions d’hématies/mm³.

    Clin d’œil de la Nature en ressortant du laboratoire d’analyses médicales : je suis loin d’être le seul à qui elle impose ses droits puisque les rues de ma ville en font les frais. Si je n’apprécie pas trop les aléas de la Nature à mon encontre, je trouve par contre cet envahissement des rues de Soissons par les buddleias, lierres, platanes, chiendent, pissenlits, bourrache, graminées, tilleuls et euphorbes fort sympathique pour le piéton !