Dimanche 27 janvier, 09h15. C’est parti. Rien ne va (grosse fatigue, pas envie, soucis gastriques) mais c’est parti quand même pour de l’endurance fondamentale. Je me suis fixé de courir sur une base de 6’40 au km durant 24 km, séance qui est à mon programme à 70 jours du marathon de Paris. Pas franchement de l’endurance fondamentale puisque, pratiquement, c’est mon allure marathon …
Quelques
gouttes de pluie. Ah, si j’avais su, je ne serai pas parti.
Coup
d’œil au chrono au terme du premier kilomètre. Je ralentis un peu pour être
dans les clous : 6’39.5
Il
pleut de plus en plus. J’ai les jambes lourdes. Est-ce dû à la fatigue qui me
mine depuis deux jours ? Je commence déjà à envisager faire demi-tour.
Mais bon, au moins atteindre le point kilométrique n°2.
Parce
qu’à nouveau je ralentis dans les 25 derniers mètres : 6’38.7
Une
longue ligne droite, du vent de face qui donne une certaine violence aux
gouttes de pluie. Et s’il fait le même temps lors du marathon de Paris ?
Allez, on ne va pas abdiquer comme ça ! Si je ne m’entraîne pas dans les
conditions difficiles, cela ne sera jamais facile.
Troisième
kilomètre en 6’39.6. Presque parfait. Je commence à m’échauffer, ça me redonne
un peu le moral.
Quatrième
kilomètre ardu : il pleut de plus en plus fort, je n’ai pas l’équipement
adéquat et surtout je suis couvert façon hivernale et la température est bien
remontée. J’ai donc trop chaud. La route est inondée, je dois slalomer pour
éviter les flaques. Et les autos. Je croise à nouveau mon marcheur habituel. Je
reste ébahi par sa vitesse. Je n’arrive cependant pas à trouver la marche
athlétique gracieuse.
Point
4 en 6’38.3. Cette fois je n’ai pas eu à ralentir, j’ai trouvé le bon tempo.
Nouvelle
longue ligne droite. Un abruti en Fiat Punto rouge qui dépasse les deux autos
qui me croisent et qui ont pourtant mis leur clignotant pour indiquer qu’elles
s’écartent pour m’éviter. Court instant de vigilance : je m’attends à ce
que la Punto termine au fossé car les deux autres autos gardent leurs
trajectoires. Coup de klaxon appuyé. Ouf ! C’est passé. Mais franchement sur une
telle départementale, est-il besoin de doubler ?
La
pluie bien de face. La vision devient mauvaise du fait des lunettes. Voilà plus
d’un kilomètre que j’avance en regardant mes pieds. Pas très enchanteur !
Deux
cent mètres de montée. Tenter de garder le rythme. 6’39.5 au km. Parfait sauf
que les jambes me semblent lourdes et que j’ai les pieds trempés.
La
pluie pianote sur mon chronomètre et change les fonctions. Manquait plus que
cela ! Bref arrêt, ôter les gants, réactiver les fonctions, renfiler les
gants, repartir. J’allonge la foulée pour rattraper le temps perdu.
Heureusement, c’est une longue portion en faux plat descendant. Avec le vent
latéral arrière. Et une pluie de plus en plus intense.
6’32.3
au sixième kilomètre. Aïe ! Trop rapide. J’essaye de garder gravée en moi la
phrase d’Alain Mimoun : « Savoir courir lentement pour pouvoir
courir vite. »
Une
silhouette dans la campagne en face de moi. C’est rassurant, il n’y a pas que
moi et le marcheur athlétique pour braver ainsi les éléments. C’est bête, mais
ça fait plaisir au moral que de croiser quelqu’un. Surtout que ce dimanche
matin, les cyclistes ont déserté le goudron. Nous ne nous croiserons cependant
pas : ma route bifurque à gauche.
Fin
du 7ème km : 6’18.0. Ouhlà ! Pas bon du tout ça. Le rythme
est beaucoup trop élevé. La faute au vent et le faux-plat descendant ?
Je
décide donc de ralentir. Sauf que le joggeur a bifurqué comme moi et il me suit
à trente mètres. Regain d’orgueil –ou simple bêtise ?–, je garde le même tempo pour
ne pas être rattrapé dans la courte montée qui s’annonce.
Sommet
de la côte, j’ai doublé mon avance sur mon suiveur. Bifurcation à droite.
Mimoun se rappelle à moi : « Lentement ! ». Je
ralentis. Une minute plus tard, j’entends des pas dans mon dos. Le joggeur m’a
recollé à la faveur de la descente. Bon, je m’en moque, j’ai décidé de rentrer
et de ne pas aller au terme des 24 km : je suis trempé, les embarras
gastriques rappellent leur existence et surtout la méforme du départ dont le
docteur me dit de me méfier. Je sortirai demain si santé et météo le
permettent.
– Bonjour !
– Bonjour !
Mon suiveur me dépasse. C’est une suiveuse.
– Drôles
de conditions pour une sortie !
– Oui,
je me suis trop couverte !
Fin de la discussion, elle est cinq mètres devant moi. Pour une fois, le dicton de Mimoun est plus fort que l’orgueil. Enfin, pas complètement : 6’23.6 au 8e km. Ce n’est plus du tout de l’endurance fondamentale. Déjà qu’en 6’40, cela n’était pas franchement le cas …
Obliquer
à droite pour rentrer ou poursuivre le tracé prévu ? Je suis maintenant
bien chaud, mais totalement trempé. Courte hésitation. La raison
l’emporte : l’état global ne joue pas en faveur d’un 24 km.
Dernier
kilomètre en 6’35.7
Neuf
kilomètres en 59’07. Ça donne 6’33 au km. Exercice un peu raté, même si cela ne
représente que 53 secondes d’avance sur le temps idéal, ce sont 53 secondes de
trop. Je retenterai demain. Si forme et conditions climatiques sont en ma
faveur.
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