23 septembre 2013

J-5 pour Millau : givre et brouillard

J-5 pour Millau, autant dire que la pression est particulièrement montée ces derniers jours. Peut-être suis-je trop à l'écoute de mon corps, toujours est-il que j'ai l'impression que rien ne va. Mes dernières sorties me donnent l'impression de traîner des jambes bien lourdes, ce que contredit systématiquement le chronomètre puisque je suis beaucoup trop rapide. Quand l'esprit se mélange à la physique du corps, visiblement ce n'est pas bon. Mais bon, cent kilomètres, cela donne une distance que j'ai vraiment du mal à appréhender à 120 heures du départ et après 763 km d'entraînements spécifiques. Nicolas, un copain triathlète, me traite de "malade" à m'élancer à Millau alors que lui s'enfile des 1500 m de natation / 80 km de vélo dans les Alpes / 21 km de course à pied à deux semaines d'intervalle. J'en déduis que chacun d'entre nous est le malade d'un autre ... 

J'ai appris jeudi soir l'absence sur blessure de mon accompagnateur vélo préféré. Evidemment, une pression supplémentaire et un petit regret, celui de ne plus pouvoir trimbaler mon appareil photo. J'ai tenté de mémoriser le parcours par cœur puisque je devrais me la jouer solo, quoique un jeune ami devrait m’accompagner sur la première partie, le marathon. Je pense qu'en sachant exactement où je mettrais les pieds, notamment quand ça va grimper ou descendre, j'aurai moins à me soucier et je pourrai garder plus d'énergie pour la performance sportive pure. Certes, c'est de la théorie ... 
Hier après-midi, j'ai appris le probable retour de mon accompagnateur vélo, non pas à vélo cette fois, mais en grand chambellan des encouragements et d'un comité de soutien féminin. Ce qui ne peut que m'enchanter, d'abord pour lui, histoire de le sortir du puits dans lequel il est tombé ou du moins de lui garder une belle lucarne ouverte sur le soleil aveyronnais, quoiqu'il serait possible que ce dernier soit caché par les nuages et quelques gouttes de pluie. 

Donc cent bornes dans cinq jours ... Après un petit footing de 40 minutes ce matin et un dernier de 30 minutes mercredi, je ne rechausserai plus mes baskets avant samedi matin à Millau. Il y a dix jours, je pensais être plutôt bien préparé, surtout après l'enchaînement à sept jours d'intervalle d'un marathon et d'une sortie de 45 km au début du mois. Ce matin, je n'en suis plus très sûr. Renoncer ? Evidemment que non ! Nicolas a peut-être raison : il faut être un peu givré pour s'aligner au départ d'un 100 kilomètres. Bon, nous serons 1610 au départ, sans oublier 343 marathoniens. Avec une telle masse en effervescence, cela doit éloigner le givre et le brouillard, non ?


21 septembre 2013

Millau, J-7. Écarter le brouillard

En général, plus on s’approche d’une montagne, moins on en voit le sommet. Au début de cette aventure, j’avais vraiment du mal à me voir cheminer sur cent kilomètres. Au terme de sorties parfois longues de 42 ou 45 bornes, la vision n’était pas meilleure. A 150 heures du départ, c’est toujours le brouillard. D’autant que j’ai perdu mon accompagnateur vélo, victime d’un sale empêchement. Cela revisite totalement la façon dont je me suis entraîné et j’ai imaginé l’épreuve. J’ai notamment testé une alimentation (qui n’est pas celle délivrée par l’organisation), alimentation portée par mon accompagnateur. Il va me falloir faire avec ce que propose l’épreuve, or il est bien connu qu’il ne faut jamais tester en compétition. Je me contenterai donc d’eau et de sucre, n’ayant pas prévu de plan de rechange pour mon accompagnateur. Effacée aussi l’idée du reportage photo puisqu’il est hors de question de courir avec un reflex à la main. J’ai testé durant 45 minutes pour me rendre vite compte de la folie de la chose. Enfin, mes compléments vitaminiques destinés à pallier une défaillance de santé liée à mon état devront aussi rester au garage. Bref, les choses se sont sûrement compliquées. Mais je n’ai pas abdiqué. C’est le principal.

Pour me rassurer un peu, j’ai repéré le circuit, enfin un repérage via Google Street et les images satellitaires. J’ai aussi tracé le plan exact de chaque kilomètre pour bien respecter mon tableau de marche. La carte en taille réelle de la première partie, le marathon, est à cette page
Ce qu'il y a de rassurant avec les cartes, c'est qu'il n'y a jamais de brouillard, même au sommet des montagnes !



Si tout va bien et sans surprise de dernière minute, je table toujours sur 14 heures de présence sur le tarmac aveyronnais. Pour ceux que cela intéresse, voici le tableau de marche des meneurs d’allure :


La carte de la seconde partie du parcours avec l'indication de chaque kilomètre, Millau/Saint-Affrique/Millau, du 42e au 100e km, est à cette page. Attention, le fichier est volumineux, 9745 par 10140 pixels soit 10,7 Mo. Un extrait ci dessus à 50% et inserts à 25 %.


11 septembre 2013

Avec un plan de Millau, c'est déjà moins stressant

    Vous, je ne sais pas. Moi, j’aime bien les choses claires, clairement expliquées et clairement schématisées. Un 100 km en course à pied, cela n’est tout de même pas la chose que l’on accomplit chaque matin, alors forcément à la première participation, il y a une tension déjà palpable à 17 jours du départ. Avant d’être long à accomplir, Millau c’est surtout loin de chez moi : 742 km au bas mot. Pour préparer les choses, ce n’est pas si simple. Surtout quand les choses essentielles ne sont pas clairement représentées sur une carte.

    Ne trouvant donc pas mon bonheur sur le net (ni sur le site de l’organisateur, ni sur les différents blogs abordant le sujet), j’ai donc réalisé cette carte qui place lieux de départ et d’arrivée, emplacement du parking camping-car aménagé près de la gare par l’organisateur (un parking municipal mais sans possibilité de vidanger) et emplacement des campings (pour plus de confort) vis-à-vis du parcours de l'épreuve. Bref, deux ou trois petites choses qui donnent une vue d’ensemble plus pratique que les longues explications.

    Les esprits pointilleux remarqueront qu’il manque l’échelle. Certes ... Vous ne voulez pas non plus que l’on coure les 100 km à votre place, par hasard ? ... Sachant que la largeur du Tarn à l’emplacement du pont que les concurrents franchissent avant de terminer la première boucle est de 72 mètres, vous avez l’échelle :-))



7 septembre 2013

42 + (16+13+16) + Marc = M [1489]

    Il y a un an exactement, le 6 septembre 2012, après une longue interruption de toute forme de sport (vélo, tennis, aviron et course à pied), je rechaussais mes baskets pour contrer un sort que je jugeais néfaste et ne pas me laisser entraîner par ce dernier dans une spirale dépressive. Je le faisais en silence, parce que je voyais venir la désapprobation de mon hématologue, de ma famille, voir de mes amis.
    L'idée est partie sur un coup de tête, un peu un coup de bluff à l'occasion d'un échange avec une jeune amie, Morgane, au cours duquel nous avions choisi de participer trois semaines plus tard à une course de 10 km. Elle n'avait jamais participé à une seule compétition pédestre de sa vie et pour moi, mon dernier 10 km remontait à 1997, à l'occasion d'un reportage en immersion. J'avais alors jugé que la meilleure façon de raconter ce 10 km était d'y participer ... alors que ma dernière course remontait à dix années.
    Ainsi, le 25 septembre 2012, après approbation médicale (mais avec seulement 5 sorties faites sans aucun plan précis), je me retrouvais à l'arrivée des Virades de l'Espoir dans le parc de Sceaux. De là est né le pari un peu osé de courir le 7 avril 2013 le marathon de Paris et dans l'action les 100 km de Millau le 28 septembre de la même année. Osé, parce que courir un marathon quand on traîne une maladie du sang, il faut oublier de réfléchir. Osé, parce que j'ai persisté malgré un entraînement passablement mis à mal par ma leucémie. Osé, parce que malgré un marathon de Paris difficile, j'ai maintenu le cap. Osé, parce que partir de rien pour tenter Millau un an plus tard, c'est tout sauf raisonnable quand on lit sur tous les forums spécialisés qu'il faut placer des étapes : un semi marathon la première année, un marathon la seconde et éventuellement Millau en troisième année. 
    Malade, certes, mais jamais mes médecins ne m'ont placé un veto. Ils m'ont parfois semblé fort dubitatifs (ou incrédules ?), à l'image de mon hématologue. Sans plus. Je me suis donc bâti un plan d'entraînement à partir de celui de Bruno Heubi, brillant vainqueur de l'édition 2005 de Millau en 7h33' et détenteur d'un chrono de 6h51'25 aux championnat du monde des 100 km en 1999. En y rajoutant cependant des sorties longues vraiment longues car m'aligner au départ d'un 100 km sans dépasser une sortie de 3h00 à l'allure Millau me paraissait une hérésie. Bruno que je remercie déjà car ses messages m'ont toujours encouragé à ne pas douter.
    Je me suis ainsi fixé des étapes, qui, si elles n'étaient pas réalisées, étaient pour moi synonymes de renonciation. Le 17 août, j'ai donc couru un 27 km avec 438 m D+ en compagnie de mon accompagnateur vélo, Marc. Un fort sympathique garçon un peu plus jeune que moi qui ne me semble cependant pas avoir pris totalement conscience de la galère dans laquelle je suis en train de l'entraîner. Puis le 31 août, j'ai programmé une sortie longue tellement longue quelle doit faire hurler tous ceux qui écrivent des plans puisque j'ai couru 42 km avec 449m D+ en un chrono amélioré de près de 30 minutes par rapport à ma contre performance du marathon de Paris. Ce jour-là, j'ai découvert que si je voyais l'arrivée de Millau, Marc y aurait sûrement une grande part de réussite. Enfin, aujourd'hui, j'ai longuement couru, en suivant un conseil médical (afin de contrer la mésaventure de Paris) car depuis mon taux d'hématies a sérieusement chuté, en trois tranches, d'abord 16,1 km à l'allure marathon, puis 13 km un peu plus lentement, puis 16 km à l'allure Millau, soit un total de 45,1 km. Et à l'arrivée, cela me paraissait clair que j'étais prêt quand ma fille m'a dit « Tu ne sembles même pas fatigué ! ». Sans compter que n'étant pas sûr du tout de disposer d'une seconde vie au travers d'une éventuelle réincarnation et n'étant pas plus certain de guérir ou de ne pas devenir vieux gâteux croulant, je me suis dit que 2013 était l'année ou jamais. A 22h31'50 ce jour, je me suis donc inscrit à Millau. Je porterai le dossard 1489. Voilà pourquoi "42 + (16+13+16) + Marc = M [1489]"
    Dans trois semaines, je vais donc explorer ma zone rouge :-)


2 septembre 2013

Quand la Nature reprend ses droits

    J-25 pour l’échéance aveyronnaise. L’automne n’est pas encore là mais l’éphéméride perd bien vite ses feuilles !
    Samedi, c’était ma dernière sortie longue vraiment longuement longue, une étape que je plaçais comme qualificative pour valider mon inscription. Une échéance un peu hors normes puisque j’ai couru la distance d’un marathon, soit 42 km avec 449 m D+. Sans forcer, sans me mettre dans l’orange ou le rouge, un peu façon "chameau autonome" puisque je n’ai bu que 85 cl d’eau sucrée et avalé 112 g de pâtes de fruits (soit 14 g tous les 5 km) alors que j’étais parti à jeun. Et le tout près de 30 minutes plus rapidement que mon marathon de Paris foiré en avril dernier. Bref, d’excellent augure à un peu plus de trois semaines du coup de feu de départ des 100 km de Millau. 
    Sauf que la Nature a toujours raison et reprend ses droits au final quoique fasse l’Homme ... Si du côté de mes lymphocytes, c’est repassé en mode stabilisation (youpi !), du côté de mes hématies, c’est passé en mode chute importante, bien en dessous des minima nécessaires (et super zut !). Ce qui nécessite maintenant un feu vert médical pour pouvoir espérer être au départ à Millau fin septembre. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que c’est franchement mal parti, même si j’essaye de me rassurer en me disant que je viens tout de même de boucler 42 km avec seulement 3 millions d’hématies/mm³.

    Clin d’œil de la Nature en ressortant du laboratoire d’analyses médicales : je suis loin d’être le seul à qui elle impose ses droits puisque les rues de ma ville en font les frais. Si je n’apprécie pas trop les aléas de la Nature à mon encontre, je trouve par contre cet envahissement des rues de Soissons par les buddleias, lierres, platanes, chiendent, pissenlits, bourrache, graminées, tilleuls et euphorbes fort sympathique pour le piéton !









30 août 2013

Pourquoi les panneaux d'affichage des trains à l'arrivée sont-ils si minuscules ?


    Jeudi, 15h21, gare Montparnasse. Même si ce n’est pas pour demain, je me dis qu’il faut que je m’entraîne à écrire dans l’optique de mon futur périple. Ecrire sur le vif, dans l’instant, parce que la vision, le souvenir, les sensations ressenties sont éphémères. L’exercice est difficile.
    Je ne me rappelle plus quelle auteure (Amélie Nothomb ?) disait sur France-Inter ce matin qu’elle s’obligeait, hiver comme été, à écrire chaque jour de 15h00 à 17h00, pour favoriser l’écriture. Sûrement a-t-elle raison ? Parce que là, sous cette voûte, malgré les bruits, les voix, les passages et toute l’activité d’une des plus grandes gares de France, je ne suis pas en verve. Je n’ai jamais apprécié les gares. Synonymes d’arrivée. De départ surtout. Sinon pourquoi les panneaux d’affichage des départs seraient-ils toujours plus grands que les panneaux d’affichage des trains à l’arrivée qu’il faut toujours aller lire sur de minuscules écrans de télévision bicolore que l’on peine à trouver* ? A priori, il y a bien autant de départs que d’arrivées. Pourquoi alors privilégier le départ, synonyme de rupture, à l’arrivée, symbole de rencontres ?
    Peut-être est-ce cette notion de départ qui m’a marqué, parce qu’étudiant, j’y ai souvent accompagné un amour qui rentrait au foyer familial pour le week-end, alors que moi je restais dans une ville avec laquelle je n’ai jamais fait vraiment corps ... Il me semble aussi que je ne suis pas homme de foule, mais plutôt celui des petits comités, des têtes à têtes, voir des têtes à rien. Et puis, depuis que je me suis mis dans la tête de voyager à pied, les gares ... et bien, les gares, je n’y passerai sûrement jamais.
    Le train en provenance d’Hendaye via Saint-Jean de Luz Ciboure, Biarritz, Bayonne, Dax et Bordeaux arrivera à 15h42 voie 9. Tiens, Biarritz. Je souris. Peut-être est-ce dans une de ces voitures que je monterai un jour pour te rejoindre ?

    Un pigeon termine son vol plané aux pieds d’une dame qui porte un sac estampillé Trégastel. Signe du destin que cette association de Biarritz et Trégastel, deux stations balnéaires qui sont sur le chemin que j’ai tracé le long des côtes d’Europe dans l’optique d’un futur reportage ? Trois agents de la sûreté ferroviaire patrouillent lentement tandis que j’ai hérité d’un jeune voisin de banc, casque Philips sur les oreilles, plongé dans un manga. En face, une adolescente tapote des deux mains sur un I-Phone noir. Départ précipité de mon bouquineur de manga pour la voie 23. J’hérite d’une Indienne en sari blanc dont le premier réflexe est de tapoter à son tour sur son téléphone mobile noir laqué. Une nymphe blanche, tirant avec légèreté une volumineuse valise noire surmontée d’un pochon en papier kraft, traverse les rangées des bancs pour s’engouffrer au comptoir des informations SNCF. C’est fou comme certaines personnes diffusent une grâce communicative ! Combien d’hommes rêvent à cet instant d’être la valise noire ?

    Mon indienne s’est déjà évaporée, une svelte femme mariée occupe maintenant la place à ma droite. Elle a immédiatement sorti un livre de son large sac en cuir brun rosé et l’a ouvert à l’emplacement d’un marque-page : "Troisième partie, le paradis des écrivains". Autre clin d’œil du destin alors que je réfléchis à comment raconter ce qui défile devant mes yeux ?
    Hormis l’adolescente fascinée par son I-Phone, les autres personnes assises sont toutes à lire. Ouf, le livre traditionnel n’est pas encore mort !
    Voie 6, un photographe prend une position tarabiscotée pour tenter le cliché d’un TGV. Trois gamines passent en courant dans un bruit de tongs en bois qui clapotent sèchement sur le béton du quai. Une demi douzaine d’agents SNCF poussent des fauteuils roulants. L’arrivée du train approche et plusieurs personnes s’agglutinent au début du quai. Il y a trop de jolies filles dans une gare ! Peut-être les femmes pensent-elles la même chose de la gent masculine ?
Un chauffeur fait les cent pas, l’oreille gauche collée à son mobile, en serpentant au milieu de tous ceux qui attendent à la voie 6. A la main, il tient une feuille A4 sur laquelle une personne appliquée a tracé d’un large feutre noir en lettres capitales le nom LEROY. Sur les écrans géants, le dernier album de Stromae, √, s’affiche.

    A exactement 15h42, le train en provenance d’Hendaye déverse son flot de passagers à la voie 9. Peut-être viendras-tu m’attendre sur le quai ?

* sauf à la gare d'Austerlitz où dès l'entrée panneaux des arrivées et des départs accueillent les visiteurs dans un format identique et clairement lisible :









21 août 2013

35,3 + 32 = ½ de M

    Pour l’objectif des 100 kilomètres de Millau, je me suis fixé deux sorties d’entraînement visant à valider, ou non, mon engagement. Deux paliers en forme de sortie longue où l’organisme est mis en charge de très longues heures. La première de ces sorties était ce matin, avec un entraînement combiné course à pied/VTT réparti en cinq tronçons. En un, 16,3 km de course à pied, à jeun. En deux, après une rasade d’eau sucrée et une tranche de pain d’épices, 16,6 km de VTT. En trois après la même collation que 50 minutes plus tôt, 14 km de randonnée sportive en sous-bois avec 125 m D+, incluant un micro ravitaillement aux 5e et 10e km avec rasade d’eau sucrée mentholée et tranche de pain d’épices. En quatre, après une gorgée d’eau et une pâte de fruits, une nouvelle sortie VTT de 16,3 km. Puis pour conclure, cinq kilomètres de course à pied, avec soleil au zénith, sur une base un peu plus soutenue, à savoir trois secondes plus rapidement que ma cadence sur marathon.

   Le bilan ? Aussi important que cet effort qui s’est déroulé sur plus de six heures (6h05’40 exactement, auxquelles il faut rajouter le temps nécessaire au changement d’équipement et de cuissard). N’ayant pas forcé durant toute la sortie, je me sentais capable d’enchaîner de nouveaux kilomètres en course à pied. De très bon augure à J-38.
    Question alimentation, s’il est conseillé de boire environ un litre à l’heure, j’en suis pour ma part à peine à 75 cl en plus de six heures. Sans que cela soit un handicap (?), ni que j’ai besoin de me précipiter comme un malade sur une bouteille une fois la sortie achevée. Puisque je m’entraîne de la sorte depuis un bon de bout de temps, je m’oriente donc pour Millau vers une alimentation uniquement composée d’eau sucrée (en plus grande quantité que ce matin, évidemment), de pâtes de fruits et de pain d’épices. Cela semble me réussir, je ne vais donc pas changer.

   Il me semble aussi que la possibilité offerte par l’organisation de pouvoir disposer d’un sac au terme du marathon et au 70e km est plus qu’utile. Pour changer de maillot aux 42e et 70e km, et très certainement de chaussures au 70e km.

    Au terme de cette sortie longue très longuement longue, je suis de plus en plus dubitatif sur les plans d’entraînement qui ne prévoient pas de sorties de plus de 3 ou 4 heures. Comment se connaître, se jauger, gérer les questions alimentaires et anticiper les soucis vestimentaires sans rester un grand nombre d’heures sur le bitume ?
    Par contre, si la météo fin septembre dans l'Aveyron est du même acabit que celle qui rayonnait à midi sur le Soissonnais en cette fin août (26°), je sens que je vais être assez mal ...




30 juillet 2013

Millau : J-60


    La santé me dit non, le mental me dit oui. Aussi après une longue interruption de plus de cinq semaines, j'ai rechaussé mes baskets et repris un entraînement entièrement recomposé. Tout seul, dans mon coin, parce que je ne suis pas sûr que la santé le permette, j'aligne à raison de quatre fois par semaine des sorties longues en endurance fondamentale et des sorties presque aussi longues mais sur un parcours qui s'apparente un peu à celui qui m'attend dans soixante jours du côté de Millau.

    A cette heure, la distance me fait peur, m'impressionne et même au terme d'une sortie de 23 km avec 417 m de dénivelé positif accomplie ce matin –soit près de la moitié du dénivelé qui m'attend fin septembre dans l'Aveyron– j'ai du mal à m'imaginer sur une distance de 100 kilomètres. Un marathon, c'est humain en comparaison. Je me dis qu'après tout, ce n'est que deux fois un semi ! Pas franchement le bout du monde. Mais là, 100 km, c'est tout de même 2,37 marathons. Et qui termine un marathon frais comme un gardon ? ... Alors 2,37 marathons, c'est plus qu'intimidant. En tout cas, cela m'intimide fort.

    Je lis la prose des précédents coureurs qui se sont élancés dans l'aventure. Ils ne sont pas si nombreux que cela ! Nous étions plus de 40.000 au départ du marathon de Paris en avril dernier. Nous ne serons, si j'en suis effectivement, que 1200 au départ de Millau le 29 septembre 2013 à 10h00. Une petite bande de copains en comparaison du MDP !

    Plus je lis de récits, qu'ils soient de champions qui bouclent la distance en à peine plus de sept heures ou qu'ils soient de galériens qui cheminent près de vingt heures durant, et plus je me fais humble et petit poucet. Cent kilomètres. C'est que le chiffre donne une dimension à la distance ! Aussi comme cela m'impressionne fort, j'essaye de préparer mon sujet au plus près possible, histoire de mieux savoir où il me faudra être encore plus modeste, plus attentif. Et là, surprise, je n'ai trouvé nulle part de parcours bien détaillé, avec une cartographie comme on trouve pour les parcours de marathons. C'est peut-être idiot, mais savoir par où je vais précisément passer, ça m'aide, ça me rassure un peu. Et puis cela me permet de bien pouvoir me chronométrer, rester sur le tempo que je me suis fixé. Il sera toujours temps si j'ai été trop prudent de retenter l'histoire une autre année !

    Ne trouvant donc pas mon bonheur sur le web, j'ai décidé de tracer mes propres cartes. Et comme je ne suis pas égoïste, je les mets à disposition de qui n'en veut :-)


    D'abord une vue générale du parcours. Merci à Michelin et son www.viamichelin.fr qui m'a permis de tracer ce plan d'ensemble. J'ai pensé que cette carte serait, pour les amis qui ont choisi de venir m'encourager, plus parlante que la minuscule carte au format GIF que l'on trouve sur le site Sportnat.com (au demeurant, site excellent qui regorge de cent informations pour celui qui souhaite tenter l'aventure de Millau !).

    Pour télécharger cette carte au format 31x31 cm, soit 883x883 pixels, c'est ici.





    Comme pour courir, la carte précédente manque de précisions, voici maintenant une vue détaillée du parcours. Encore merci au site www.viamichelin.fr pour la cartographie ! Et pour télécharger cette carte au format 95x95cm, soit 2687x2687 pixels (3,46 Mo), c'est ici.




    Enfin, pour ceux qui comme moi ont envie (ou besoin) de savoir où se situent chacun des cent kilomètres du parcours, j'ai une autre carte en réalisation. Pour dans très bientôt ! :-)

27 juin 2013

Compte à rebours anxieux

    Sensation bizarre que de voir le compteur du temps qui s'égrène. Aujourd'hui, je suis à J-93 de l’épreuve de Millau. Il me semble que c'était hier que j'écrivais à certains amis que mon état n'était pas catastrophique à plus de cent jours de ces 100 km que j'ai inscrits comme un but, je ne sais plus très bien pourquoi.

    Je fais du sur place, je n'arrive plus à courir, ni à randonner. Ce matin, je n'arrivais même plus à tenir debout en patientant pour ma prise de sang. Ressentiment bizarre que d'avoir l'esprit et les yeux fixés sur cette date, de voir les entraînements programmés et non effectués s'estomper comme la brume au petit matin efface un paysage, de sentir son corps à contre-courant de cette décision, un peu comme s'il me disait : « Mais moi, on ne m’a pas demandé mon avis pour aller m’user sur ces 100 km ! ».

    Alors j’essaye de me persuader, de toujours y croire, de me dire que malgré un organisme qui refuse et une santé qui empêche, c’est toujours faisable. Comme pour le marathon, je me force à croire que les médecins ont tort. Je me rassure en me disant que si les entraîneurs spécialisés proposent des entraînements sur 9 ou 12 semaines, soit 63 à 84 jours, je suis toujours dans les clous, qu’il me reste encore quelques jours pour parvenir à contraindre mon physique à aller où je veux et non le suivre sur ces voies du renoncement. J’avoue cependant que parfois le doute m’envahit.

19 juin 2013

Entre deux vertes, une mûre

    Voilà un an maintenant, le 19 juin 2012, je partais pour mes premiers kilomètres de marche, dans le but de tester tout ce dont je pourrai avoir besoin lors de mon futur périple de 8000 km. Cent quarante sept sorties plus tard et après 2120 km parcourus, ce qui n’était qu’un projet a réellement pris forme. Depuis cette date, le dossier a bien avancé, hormis deux éléments : mon apprentissage du russe est plutôt en berne et je n’ai aucune certitude d’obtenir les visas nécessaires pour traverser le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Ceci pourrait, à cette heure, être une réelle catastrophe. C’était sans compter sur une santé qu’un enthousiasme débordant n’a pas su rectifier : il est illusoire aujourd’hui de penser me lancer dans ce défi le 1er janvier 2014 puisque les traitements dont j’ai besoin me clouent sur place pour deux bonnes années. Deux années que je dois mettre à profit pour vraiment être capable de me débrouiller en langue russe et surtout trouver le moyen d’obtenir les visas que je souhaite.
    Cette année est passée si vite que j’ai l’impression que c’était hier. Et pourtant ! Les 260 pages de notes que j’ai tenues sont le témoin de la transformation d’une idée en réalité palpable, de la naissance de plans B et même C ou D, que l’exaltation initiale n’a jamais faibli, même si, comme depuis deux semaines, je ne peux plus marcher ou courir parce que mon état de fatigue est trop important. Comme l'a écrit Jean-Antoine de Baïf au XVIe siècle : "Entre deux vertes, une mûre". Je reste donc convaincu de parvenir à mes fins.
    Evidemment, si tout allait bien, ce serait mieux. Mais je crois qu’il n’y aurait aussi plus rien à raconter. Ni bien sûr la satisfaction d'avoir franchi l'obstacle. ;-)

14 juin 2013

Noir et blanc à Canterbury

Deux heures et dix minutes, c’est le temps que j’ai pu passer le 6 juin dans les rues de Canterbury. Avec mon appareil photo. :-)
Certes, je n’y étais pas pour mon unique plaisir, mais dans le cadre d’un voyage scolaire pour lequel je faisais un reportage photographique. Bon, j’avoue, avec un appareil photo en main, tout devient plaisir chez moi.

J’ai tenté quelques clichés dans l’optique de mon futur périple vers Samarkand. C’est-à-dire résolument tourné vers les gens, ceux que je croise, ceux qui déambulent, ceux qui travaillent, bref ceux qui vivent. De ces deux heures et quelques, j’ai retenu quelques portraits. En noir et blanc.

Pourquoi en noir et blanc alors que la vie est en couleurs me rétorquera la majorité ? Parce que ! Parce que cadrer puis déclencher, c’est d’abord éliminer. Eliminer tout ce qui n’apparaît pas dans la photo. Le seul fait de réaliser une prise de vue est d’abord un tri visuel. Donc un parti pris. Je choisis d’y rajouter le parti pris du noir et blanc. Parce que j’aime bien le travail en noir et blanc de Josef Koudelka sur les Tsiganes ou celui d’Hermance Triay sur les habitants d’Ouessant. Parce que mon futur travail sur ceux qui vivent de la terre, je le rêve en noir et blanc. Enfin, à partir du noir et blanc, chacun peut rêver les couleurs qu’il veut. Et j’aime bien cette notion de lecture visuelle personnelle.









9 juin 2013

Borne 62

Jeudi 6 juin. Promenade en ville. Le long d'une avenue fort fréquentée par les voitures où j'ai pourtant cheminé une dizaine de fois en autant d'années, je découvre une borne. Aucune indication "parlante" que ce nombre 62 gravé sur une des faces. Une borne quasi invisible et qui est inclinée probablement parce qu'elle se situe le long d'un grillage qui délimite un emplacement où les autos sont garées en épi, et qu'en reculant, les conducteurs doivent légèrement s'appuyer contre.
Il s'agit d'une borne militaire, dont, semble t'il, on ne sait dire rien d'autre que "c'est un repère militaire". Si jamais un lecteur de passage en savait plus, je suis preneur de l'information :-)



14 mai 2013

Cent-bornard : J-137


Aujourd’hui, mardi 14 mai, j’ai déjà l’œil fixé sur un horizon à 137 jours : les 100 kilomètres de Millau fin septembre 2013. Une épreuve qui me fascine depuis que je suis étudiant, tout comme me fascinaient les 24 Heures du Mans, le rallye Monte-Carlo et le Paris-Brest-Paris à vélo. J’ai foiré l’occasion de participer à la première en 1992, mais pu participer (et terminer) les deux derniers, respectivement en 1984 et 1979. Ne me reste donc plus qu’à épingler au rayon des rêves accomplis, cette épreuve de Millau. De surcroît, l’évolution de ma santé impose de ne plus retarder l’échéance. Ce sera donc cette année et j’ai déjà réservé mon hôtel sur place depuis un bon mois.
Sauf que courir 100 km quand on n’a repris la course à pied que depuis exactement huit mois signifie un minimum d’engagement et de préparation. Le vainqueur 2005, Bruno Heubi, propose un plan d’entraînement en 9 semaines, mais dont les séances ne dépassent jamais 3h00 à l’allure 100 km. 
Peut-être parce que je vieillis, que la raison l’emporte maintenant sur la fougue, que je pars avec un handicap de santé, et que j’ai couru mon premier marathon en 1984 avec énormément de sorties (très) longues (pour au final réaliser ce qui restera à jamais ma meilleure performance sur la distance, soit 2h37), toujours est-il que cette "limite" d’entraînement de 3h00 ne correspond pas à ma manière de préparer les grands défis. Aussi ai-je programmé 18 séances, à raison d’une par semaine, avec systématiquement un rythme d’endurance et du dénivelé qui ira sans cesse croissant car ce n’est pas la distance qui m’inquiète mais bien ce dénivelé qui avoisine les 1180 m D+. A cette heure, je pense que couvrir la distance en moins de 15 heures est envisageable. Si, bien sûr, mon état de santé reste en l’état.
Donc, première sortie ce matin pour 16,5 km et 259 m D+. J’habite une région qui ne présente jamais plus de 100 mètres de dénivelé consécutif. Gênant quand m’attendent près de 300 mètres de grimpette continue sur environ 10 km ! Tracer un parcours qui présente les mêmes similitudes que les montagnes aveyronnaises est donc assez problématique. Je dois faire avec. Cela ne serait pas drôle si c’était trop facile ! Pour l’épreuve de Millau, je me fixe un objectif de 7’/km en terrain plat et 8’/km en terrain montant, les descentes étant synonymes de récupération sur la base de l’avancée en terrain plat. Je dois donc m’entraîner sur ces bases pour mémoriser ces allures et habituer le corps à ce type d’effort particulier. Ce n’est pas rapide, mais primo, j’ai passé l’âge des exploits chronométrés ; deuzio, je veux participer en me faisant plaisir, ce qui exclut toute forme de souffrance ; tertio, même si je rêve de cette épreuve depuis 30 ans, elle n'est pas pour moi une fin en soi, mais une préparation pour mon futur périple où je devrai cheminer en deux jours seulement à travers 165 km de zones semi-désertiques.
Bilan de cette première sortie : parfait. Avec du vent, quelques rares rayons de soleil et quelques gouttes de pluie, les conditions étaient idéales pour un entraînement. Certes, je suis allé bien trop vite : j’ai progressé à 6’53/km en moyenne au lieu de 7’19/km. Je pense qu’au fil des semaines, je saurai mieux me caler. 




7 mai 2013

Le dossard 288 abdique


Ce samedi 5 mai, ce devait être le trail Yonne 2013, un 63 km avec 1300 D+ au départ de Sens. Une épreuve que j’ai choisie à l’automne précédent et à laquelle, je me faisais une joie de participer, ce type d’épreuve avec sac à dos étant plus dans l’esprit de la marche que j’envisage à travers quelques pays européens et asiatiques que la course à pied. 
Malheureusement, je ne suis pas passé sous l’arche de départ et je n’ai pas foulé les collines sénonaises. Une santé défaillante toute la semaine, avec beaucoup de chutes de tension, m'a poussé à renoncer. On ne va pas refaire la bêtise du MDP 2013, hein ? ;-)





A la place, j'ai tenté en matinée un micro trail, un parcours de 27 km avec 345m D+. Choix judicieux puisque j'ai senti que ça n'allait pas le faire dès le 10e km. J'ai alors choisi d’abréger le parcours, mais un violent malaise au 15e km (une chute de tension brutale ?) alors que j'étais en mode course sur un faux plat descendant m’a violemment fait chuter. Je m’en tire avec deux poignets bien écorchés, un genou gauche un peu en vrac et quelques ecchymoses diverses. La chute a été sûrement amplifiée par le sac à dos rempli façon trail et alourdi par le kilo de l'appareil photo. Ce qui me fait penser que l'appareil photo sur un trail, ce n'est peut-être pas la meilleure des idées ...
L’absence du dossard 288 à Sens était donc vraiment la bonne décision à prendre. Je retiens aussi que les sentiers du Soissonnais recouvert de pétales de fleurs ont belle allure.




6 mai 2013

La borne M


Lundi 22 avril. Montagne de Soissons, altitude 125 m, commune de Saconin-et-Breuil, dans l'Aisne. Au beau milieu d'un champ, loin de tout, référencée sur aucune carte, une borne. Inclinée à 13° sûrement par quelque manœuvre d'un engin agricole, d'une hauteur d'environ 80 cm, gravée d'un M.

Indication pour qui puisqu'il n'y a qu'un chemin qui sépare des champs ? Vigie pour quoi ? Que signifie cette lettre M ? A cette place depuis quand ? 

Peut-être que je ne trouverai jamais ces réponses. Mais cette borne me plaît. Elle me semble idéale pour illustrer mon blog. Ce jour-là, grâce à elle, j'ai décidé d'ouvrir ce blog.


Entraîné par la foule ... (Marathon de Paris 2013)


Instantanés durant mon marathon de Paris 2013.

Bientôt en ligne !
(Oui, plus de dix mois pour rédiger, ça fait un peu long ... mais à épreuve magique et défi osé, compte-rendu en rapport, soit déjà plus de 90.000 signes ou 16.000 mots :-) )

5 mai 2013

Marcher malgré tout

Dimanche 24 février, c'est reparti pour une marche. Dans la neige puisque les épisodes neigeux se succèdent depuis plusieurs semaines. En mode marche parce que depuis fin janvier, c'est la méforme totale. Les deux-tiers de mes entraînements course à pied ont été annulés pour fatigue excessive et mes longues sorties ont toutes été impossibles à réaliser. A 42 jours du marathon de Paris, enchaîner les kilomètres devient impératif. Je pars donc dans les collines environnantes. A défaut de courir, la marche en côtes développera les muscles des cuisses et renforcera le cœur.


4 mai 2013

J’ai tenté l’endurance fondamentale


Dimanche 27 janvier, 09h15. C’est parti. Rien ne va (grosse fatigue, pas envie, soucis gastriques) mais c’est parti quand même pour de l’endurance fondamentale. Je me suis fixé de courir sur une base de 6’40 au km durant 24 km, séance qui est à mon programme à 70 jours du marathon de Paris. Pas franchement de l’endurance fondamentale puisque, pratiquement, c’est mon allure marathon …
Quelques gouttes de pluie. Ah, si j’avais su, je ne serai pas parti.
Coup d’œil au chrono au terme du premier kilomètre. Je ralentis un peu pour être dans les clous : 6’39.5

Il pleut de plus en plus. J’ai les jambes lourdes. Est-ce dû à la fatigue qui me mine depuis deux jours ? Je commence déjà à envisager faire demi-tour. Mais bon, au moins atteindre le point kilométrique n°2.
Parce qu’à nouveau je ralentis dans les 25 derniers mètres : 6’38.7

Une longue ligne droite, du vent de face qui donne une certaine violence aux gouttes de pluie. Et s’il fait le même temps lors du marathon de Paris ? Allez, on ne va pas abdiquer comme ça ! Si je ne m’entraîne pas dans les conditions difficiles, cela ne sera jamais facile.
Troisième kilomètre en 6’39.6. Presque parfait. Je commence à m’échauffer, ça me redonne un peu le moral.

Quatrième kilomètre ardu : il pleut de plus en plus fort, je n’ai pas l’équipement adéquat et surtout je suis couvert façon hivernale et la température est bien remontée. J’ai donc trop chaud. La route est inondée, je dois slalomer pour éviter les flaques. Et les autos. Je croise à nouveau mon marcheur habituel. Je reste ébahi par sa vitesse. Je n’arrive cependant pas à trouver la marche athlétique gracieuse.
Point 4 en 6’38.3. Cette fois je n’ai pas eu à ralentir, j’ai trouvé le bon tempo.

Nouvelle longue ligne droite. Un abruti en Fiat Punto rouge qui dépasse les deux autos qui me croisent et qui ont pourtant mis leur clignotant pour indiquer qu’elles s’écartent pour m’éviter. Court instant de vigilance : je m’attends à ce que la Punto termine au fossé car les deux autres autos gardent leurs trajectoires. Coup de klaxon appuyé. Ouf ! C’est passé. Mais franchement sur une telle départementale, est-il besoin de doubler ?
La pluie bien de face. La vision devient mauvaise du fait des lunettes. Voilà plus d’un kilomètre que j’avance en regardant mes pieds. Pas très enchanteur !
Deux cent mètres de montée. Tenter de garder le rythme. 6’39.5 au km. Parfait sauf que les jambes me semblent lourdes et que j’ai les pieds trempés.

La pluie pianote sur mon chronomètre et change les fonctions. Manquait plus que cela ! Bref arrêt, ôter les gants, réactiver les fonctions, renfiler les gants, repartir. J’allonge la foulée pour rattraper le temps perdu. Heureusement, c’est une longue portion en faux plat descendant. Avec le vent latéral arrière. Et une pluie de plus en plus intense.
6’32.3 au sixième kilomètre. Aïe ! Trop rapide. J’essaye de garder gravée en moi la phrase d’Alain Mimoun : « Savoir courir lentement pour pouvoir courir vite. »

Une silhouette dans la campagne en face de moi. C’est rassurant, il n’y a pas que moi et le marcheur athlétique pour braver ainsi les éléments. C’est bête, mais ça fait plaisir au moral que de croiser quelqu’un. Surtout que ce dimanche matin, les cyclistes ont déserté le goudron. Nous ne nous croiserons cependant pas : ma route bifurque à gauche.
Fin du 7ème km : 6’18.0. Ouhlà ! Pas bon du tout ça. Le rythme est beaucoup trop élevé. La faute au vent et le faux-plat descendant ?

Je décide donc de ralentir. Sauf que le joggeur a bifurqué comme moi et il me suit à trente mètres. Regain d’orgueil –ou simple bêtise ?–, je garde le même tempo pour ne pas être rattrapé dans la courte montée qui s’annonce.
Sommet de la côte, j’ai doublé mon avance sur mon suiveur. Bifurcation à droite. Mimoun se rappelle à moi : « Lentement ! ». Je ralentis. Une minute plus tard, j’entends des pas dans mon dos. Le joggeur m’a recollé à la faveur de la descente. Bon, je m’en moque, j’ai décidé de rentrer et de ne pas aller au terme des 24 km : je suis trempé, les embarras gastriques rappellent leur existence et surtout la méforme du départ dont le docteur me dit de me méfier. Je sortirai demain si santé et météo le permettent.
– Bonjour ! 
Bonjour ! Mon suiveur me dépasse. C’est une suiveuse.
Drôles de conditions pour une sortie !
Oui, je me suis trop couverte !
Fin de la discussion, elle est cinq mètres devant moi. Pour une fois, le dicton de Mimoun est plus fort que l’orgueil. Enfin, pas complètement : 6’23.6 au 8e km. Ce n’est plus du tout de l’endurance fondamentale. Déjà qu’en 6’40, cela n’était pas franchement le cas …

Obliquer à droite pour rentrer ou poursuivre le tracé prévu ? Je suis maintenant bien chaud, mais totalement trempé. Courte hésitation. La raison l’emporte : l’état global ne joue pas en faveur d’un 24 km.
Dernier kilomètre en 6’35.7

Neuf kilomètres en 59’07. Ça donne 6’33 au km. Exercice un peu raté, même si cela ne représente que 53 secondes d’avance sur le temps idéal, ce sont 53 secondes de trop. Je retenterai demain. Si forme et conditions climatiques sont en ma faveur.

Objectif trail

Lundi 21 janvier 2013, c'est parti pour un entraînement trail !

Dans les objectifs que je me suis fixés à l'automne 2012 lorsque j'ai repris la course à pied, et dans l'optique des 100 km de Millau fin septembre, j'ai posé un trail de 63 km dans l'Yonne début mai. Sauf que des courses en nature, je n'en ai plus fait depuis 1987, à l'époque du Challenger's Trophy. Il est en temps de m'y préparer, courir avec un sac à dos est un autre exercice et tout est à tester : les chaussures, choisies spécifiquement pour ce type de randonnée, le sac à dos et son chargement (je veux emporter un appareil photo). Je commence donc ce lundi par un 17 km avec un mix sentiers/goudron et quelques collines. Les conditions ne sont pas idéales puisque la neige s'est invitée.
Bilan de la sortie : j'avance trop vite (impossible de tenir ce rythme sur 63 km), je dois mieux emballer ce que je transporte (les sucres et gâteux jouent les castagnettes dans leurs boîtes et c'est vite insupportable), et l'utilisation d'un appareil photo n'est sûrement pas compatible avec les barrières horaires imposées sur ce type d'épreuve.



3 mai 2013

J'ai couru les dix kilomètres de Paris 14e.


Je rejoins Paris en tout début d'après-midi le samedi 19 janvier. La traversée en TER de la Picardie recouverte de blanc distille des odeurs de voyage dépaysant.
Place Denfert-Rochereau immaculée de blanc. Bruits feutrés. Direction rue Mouton-Duvernet, les passants avancent précautionneusement. Le retrait des dossards se fait au ... tribunal d’instance. Plafonds démesurément hauts et silence de circonstance malgré une trentaine de sportifs. Un vieux tableau d’écolier en travers du hall d’entrée. Deux mille quarante huit noms imprimés alphabétiquement sur des feuilles A4. Feuille 1, dossard 1669, c’est moi. Un bénévole échange mon autorisation médicale contre un dossard et une puce électronique siglée au logo de l’épreuve. Original souvenir !
La ligne de départ est recouverte de neige plus ou moins damée. Au vu des conditions, je me dis que les cantonniers vont sévèrement bosser durant la nuit pour rendre le goudron utilisable. J'ai oublié que les cantonniers n'existent plus…
Retour place Denfert Rochereau. Photo souvenir, je n’ai plus vu Paris aussi blanc depuis 1987. Les Parisiennes en collant et parapluie sous la neige sont toujours aussi charmantes. I love Paris so much.



Fin d’après-midi tranquille avec Matthias sans accès à mes mails. Dîner dans un resto chinois : pas cher et surtout pratique pour moi qui compose un plat correspond à ce que mon estomac demande pour l’épreuve du lendemain. Je mets l’accent sur la variété : poulet grillé, poulet macéré, beignets de poulet et poulet … tandoori. C’est indien, ça, non ?
Coucher dès 21h30, histoire d’être en forme le lendemain, la migraine ne m’ayant pas épargné de la journée.

Dimanche matin, lever 06h30. Oufti! C’est que la neige est tombée toute la nuit !!! Je loge dans le sud de Paris, A86 et A118 absolument ni dégagées ni salées : c'est sport. C'est bon ça parce que ça échauffe bien les sens pour le 10 km !
Arrivé sur place à 08h30 rue Mouton Duvernet pour entamer mon échauffement, je remarque une absence de coureurs en phase d'échauffement et ... une certaine présence de neige. Près de dix centimètres. Course annulée. Un mail d’infos a été adressé à 21h31 la veille. Deux-trois participants râlent. Quel besoin ?



Détour dans une brasserie avec Matthias histoire de se réchauffer autour d’un chocolat et d’un café. Et retour vers le sud de Paris pour un petit footing de 8 km dans les collines de Châtenay-Malabry. Sympa. Quoique très glissant. Pas un chat sur les routes. C'est cool qu'un footing au beau milieu des rues enneigées ! Petite course avec une Mercedes dans une côte de 150 m dans une avenue Roger Salengro bien glacée. Verdict : 50 m d'avance. Pour moi.
Conclusion : une paire d’ASICS à 120 euros est bien plus efficace sur la neige qu'une Merco à 43.000 euros. Fut-elle gris métallisé.

A midi, le champagne (que Matthias a prévu pour fêter ma course) et le cassoulet (que j’ai préparé l’avant-veille pour mon hôte) sont engloutis avec un grand plaisir.

Bref : j'ai couru les 10 km de Paris 14e.